Vers la Bourlandia / Charmey |
Randonnée
au Vanil de la Monse
Au bord de
la Jogne, les rives arborées sèment leurs feuilles d’or dans le courant. Vêtu de sa pelisse blanche, un lama observe, immobile, les promeneurs, de son air de petit garçon
songeur. Face, profil droit, profil gauche, il pose pour la photo.
A la
Bourlandia, le sentier débute le long du pâturage. Sous le toit de la
mangeoire, déjà quelques bottes de foin en prévision de l’hiver. Puis très
vite, c’est la forêt et le petit ruisselet qui chante dans les éboulis. On le
franchit sur une dalle posée sur des piliers de béton reliés par deux sections
de tronc d’arbres. A droite et à gauche un muret moussu, comme si l’on marchait
sur les ruines d’un petit barrage très ancien. Une barrière de deux planches
juxtaposées et fixée sur des tiges de fer fichées dans le béton assure le
passage. Et très vite, un escalier de bois, par intermittence, creusé dans la pente jusqu’à une petite échelle de fer qui franchit le rocher .
Un peu plus
haut, une esplanade. Est-ce là ce qu’on appelle « le Belvédère » ? Une vaste clairière, deux tables de pique-nique protégées par
un toit de planches, un foyer de pierres blanches à même le sol, encerclé de
trois sièges de rondin. Distrait, on perd son chemin.
Il faut s'en détourner et regarder vers le haut, la marque blanche et rouge se distingue à peine sur le
pied d’un arbre. Le sentier hésite entre les vieilles souches, les racines et
les roches dans la pente abrupte. En alternance, à droite et à gauche,
l’escapement se fait plus menaçant. La tapisserie de feuilles mortes et
d’aiguilles de sapin suspendue au raidillon embrouille le sentier. La marque se fait plus fréquente, plus nette aussi.
Le
bourdonnement de la vallée éloigne le crépuscule. Le soleil jaune illumine Charmey
et recouvre d’un lavis d’or les pentes de Vounetz. C’est l’heure chaude de la
mi-automne.
Le sommet du
Vanil de la Monse se dérobe au regard inquiet. Que sera la descente? Où est-il? Comment est-il ce sommet ? Est-ce ce gros rocher, cette dent sortant de la machoire de la crête ?
Pas encore.
Le sentier s’y cache puis réapparaît, escaladant la crête infinie. Quelques
zigzags encore. Le chemin s’éfile au nord de la paroi rocheuse. Un pâturage
surgit à gauche, rassurant : une surface de repli si la fatigue… si
l’orage...
Le
sentier séducteur s’obstine. Encore
quelques mètres et… Mais oui, c’est là le sommet, ces quelques pas à plat sur
la crête dissimulée par la cime des sapins et, en contre-bas, des planches disloquées
et deux bancs de bois bientôt enfouis dans les herbes et les ronces.
La descente
s’annonce plus aisée. Mais le sentier s’évanouit dans le pâturage distingé
auparavant. Au loin un chalet d’alpage silencieux. A droite en contrebas un
large bassin, drainage du marécage ? Sur la crête, entre les deux, un
panneau indicateur. Pour bénéficier de la lumière du couchant la flèche indique « La Monse par le Gîte
du Bâ »,. La pente est rude,
rythmée par les escaliers des vaches. Les repères blancs et rouges sont rares
jusqu’à la forêt.
Là, la pente
boueuse est labourée par les troupeaux. Trois chèvres brunes donnent un concert
de clochettes en jouant à cache cache dans les arbres. Un nouveau pâturage et, à
ses pieds, le Gîte du Bâ. Le sentier s’en détourne attiré par un portail de feu
sur sa droite. Un chemin roux
entre les troncs noirs et le feuillage rouge et or conduit au royaume d’Octobre.
Dans sa douve le torrent scande son nom : Mo…té…lon… Mo…té…lon… Au sortir
du domaine, sa ferme sur le plateau de la Monse. Un chemin vers l’arrière à
gauche pour une vision de près du torrent. La route qui passe par le Petit
Liençon et la Grange Neuve esquisse le portrait de Charmey en rouge anglais.
La ballade
se termine au milieu des jeunes endimanchés attirés dans la cour de l’école par
la musique sortant de la halle rayée bleue et blanche. C’est demain la Bénichon
et la Course des Charettes.
Plateau de la Monse / Charmey |