dimanche 5 août 2018

Fin d’une aventure indienne

Lampe traditionnelle en Inde

Pour terminer ce récit comme je l'ai commencé, je n’évoque ici que ce que j’ai entendu, vécu et plus ou moins compris, en 2018, à Calicut, cette grande ville du Kerala.

Quelques tabous :
- L’homosexualité. C'est interdit.
-      Sortir en public, en amoureux, avec quelqu’un qui n’est pas ou ne sera pas bientôt - c’est promis et c’est su par tous - votre époux(se). Et je ne vous parle pas de vivre ensemble sans être marié ! Quand je leur parle de cette possibilité, on me regarde comme si j’étais une extraterrestre.
-      Les mariages intercommunautaires (inter-religieux avant tout).
-      Une fois marié, ne pas vivre avec ses parents quand vous êtes l’aîné de la famille (le fils ou la fille selon les communautés). Vivre ensemble chez eux ou chez soi. C’est un impératif inculqué à votre enfant : le respect et les devoirs qu’il doit à ses parents. « Comme tu as lavé mes fesses quand je ne pouvais le faire moi-même, je laverai tes fesses quand tu ne pourras plus le faire toi-même. » Citation de ma jeune élève de 22 ans. Je vous laisse imaginer ce que ça pourrait donner pour chacun et chacune d’entre nous !!! Mais j’ai senti que c’est un tabou (le seul pour le moment) qui commence à se lézarder ici aussi.
-      Entrer dans une maison en gardant ses chaussures aux pieds, sauf au collège, au restaurant et dans certains commerces.
-      Sortir de chez soi les épaules et les jambes nues quand vous êtes une femme.
-      Manger du bœuf.
Pas de poussette mais une moto!

Ce que je n’ai jamais vu
-      Une poussette ou un pousse-pousse. Un enfant, ça se porte ou alors ça marche, ou… Il faut dire en passant que l’état des trottoirs rend impossible l’utilisation de ce genre de chose.
-      Le respect du feu rouge et des passages cloutés par tous les usagers de la route.
-      Un Blanc.

Ce que je n’ai presque jamais vu
-      Une poubelle dans l’espace public.. On jette tout parterre
-   Du papier de toilette dans les WC (sauf dans les magasins !). On se lave. Il y a toujours soit une douchette, soit un seau plein d’eau avec un petit pot. Et les gens prennent  avec eux une petite serviette, un petit linge pour s’essuyer.


La coexistence de trois Eglises catholiques différentes mais toutes rattachées à Rome : l’Eglise catholique syrienne, l’Eglise catholique latine, l’Eglise catholique malangara.  Des différences dues aux vagues successives d’évangélisation du Kerala : l’apôtre St Thomas et les Franciscains entre autres. Trois liturgies différentes, trois cathédrales et dans la communauté des religieuses où je séjourne, les trois Eglises sont représentées. 

La coexistence de deux médecines différentes : l’ayurvédique et l’allopathique avec autant de praticiens et de cliniques pour l’une que pour l’autre. A ma demande : « Expliquez-moi la différence entre les deux, en une phrase. » la jeune étudiante en médecine allopathique, revenant d’une semaine passée dans un centre de soins ayurvédiques, me répond : "La médecine ayurvédique est tout aussi efficace que la médecine allopathique. Mais les traitements prennent un temps fou pour donner les résultats attendus. Or, quand on souffre sans arrêt, quand on est malade et qu’il faut malgré tout assumer les tâches quotidiennes (travail et autres), on n’a pas le temps d’attendre. On se tourne alors vers la médecine allopathique qui, elle, soulage immédiatement." 
 
New Bus Stand in Calicut
Ce que j’ai aimé
La langue d’ici : le malayalam. J’avais déjà commencé à en apprendre l’alphabet avant mon départ de Suisse. Ses 56 lettres et ses combinaisons multiples de sons qui se ressemblent, c’est un vrai challenge. Mais j’arrive aujourd’hui à déchiffrer les destinations sur les bus, les panneaux routiers et les grands titres des journaux. Mais lire est une chose, comprendre ce que je lis et parler en est une autre. C’est pour cela que je  reviendrai au Kerala.

La ville de Calicut
Une des plus anciennes du Kerala, où il est impossible de distinguer ce qui est d’hier, d’aujourd’hui ou de demain tant la métamorphose est continue. C’est un « foutoir » indescriptible, comme un jardin extraordinaire de plantes, de bitume, d’échoppes, d’immeubles qui s’écroulent, resurgissent,  partout, dans tous les sens ; de panneaux publicitaires immenses qui les imitent dans la danse des années. Une ville qui grouillent d’humanité, de chiens et de corbeaux et de buses, de bus déglingués, de camions aussi colorés et scintillants que les mannequins vêtues de soieries et recouvertes de bijoux attirant les regards sur les panneaux publicitaires géants le long des routes. Une ville au bord de l’asphyxie au propre et au figuré, à la limite du chaos.
En bref:  Qu’y a-t-il de vraiment important ? Tout passe ! Tout semble aléatoire ! Dans cette atmosphère d’impermanence, l’instant prend une valeur inestimable.