Le Moléson joue à cache-cache |
Comme je passe beaucoup de temps sur Youtube, autant que je me mette à écrire au fur et à mesure ce que ces visionnements m’inspirent.
En fait,
c’est paradoxalement en écoutant une interview de l’écrivain Jean-Louis
Fournier à la radio que l’idée m’est venue. En cours d’émission, j’ai découvert une chanson qui m’a beaucoup plu Quelqu’un a touché ma femme chantée par
Arno. Alors je suis allée visionner des vidéos d’Arno sur YouTube et des souvenirs et des réflexions me sont
venues spontanément.
Tout d’abord
en faisant défiler les différentes vignettes de vidéo on voit le chanteur
encore beau et jeune puis moins jeune mais surtout abimé. Et je me demande s’il
s’agit simplement de la dérive d’un personnage qui s’est donné un certain genre
au départ. Ou alors, il était peut-être déjà dépendant de certaines substances
et les abus continuels ont abouti à ce résultat. Piégé par son image ou piégé
par le vide ?
Et puis,
dans la deuxième partie de la chanson Quelqu’un
a touché ma femme on entend un air, joué par je ne sais quel instrument,
qui me rappelle un film vu au FIFF à Fribourg en 2015, Before Tomorrow de Madeline
Ivalu et Marie-Hélène Cousineau (l’histoire poignante d’un petit garçon Inuit
et de sa grand-mère abandonnés seuls sur une île vers la fin du XIXe s. dans le
nord canadien) dont la bande-son comportait Why
Must We Die chanté par les sœurs Kate et Anna McGarrigle. L’air entendu
dans la chanson d’Arno est similaire au murmure des chanteuses à la fin de la
chanson.
Quand on
choisit le titre Voir un ami pleurer –
chanson absolument bouleversante, encore plus bouleversante chantée par Arno
que chantée par Jacques Brel, l’écran nous présente juste une photo couleur du
chanteur. Un portrait absolument magnifique. De face, avec une telle tristesse
dans le regard capturé et un sourire… dérisoire. Ce regard et ce sourire
presque esquissé et cette voix, c’est comme quand on frôle par inadvertance,
l’endroit où l’on s’est fait une dermabrasion : instant fugace et douleur
intense.
Au
visionnement de l’enregistrement live des Filles
du bord de mer par Arno, sur un écran au fond de la scène, on voit un film
en noir et blanc avec deux fillettes qui jouent sur une plage et à un moment
donné elles se font face, se tiennent par leurs mains tendues et tournent très
vite autour de l’axe formé par leurs pieds piétinant frénétiquement. Puis elles
se lâchent et tombent entrainées par le vertige.
Et je me
souviens de ce moment-là avec Thérèse et je ressens comme intégralement le plaisir
que je ressentais alors. L’insouciance, la confiance, mon corps fendant l’air,
la jupe plaquée sur le devant des cuisses
et claquant derrière comme une voile sous le vent. Nos cheveux longs décoiffés et nos rires… tellement
sérieux.