dimanche 26 février 2017

De la nécessité, de l’habitude, du jeu

La nécessité serait à la base de toute activité créatrice, c’est le philosophe Gilles Deleuze qui le dit. Activité créatrice dans n’importe quel domaine oui. Mais dans le domaine de l’art. qui répond à une nécessité ? Et quelle nécessité ? « Nécessité intérieure » sera la réponse la plus fréquente.  La création artistique serait donc un privilège accordé à quelques élus, élu car égal à Dieu et  adoré  comme tel. Soit elle est accessible à chacun. Or ce qui distingue les deux ce n’est pas le départ, ce n’est pas la source, c’est le parcours.

Au départ il y a le désir, l’envie (la graine) et des moyens qui y correspondent grâce à un environnement familial et culturel (le terreau) qui oriente vers tels outils plutôt que tels autres. Et puis il y a l’habitude, la répétition, le travail diront certains (le temps de la croissance) et enfin pour quelques uns le jeu (le temps de la récolte).

Pour Charlotte qui fait de la danse classique deux fois par semaine et qui le fait depuis plus de vingt ans, c’est à la fois une nécessité et une habitude et finalement quelque chose qui s’apparente au jeu dans le sens qu’en donne l’écrivain Henry de Montherlant : « J’appelle « jeu » une activité ayant sa fin dans le plaisir qu’on en éprouve et nulle part ailleurs, un effort qui a sa vertu propre, indépendante de la direction dans laquelle on l’exerce et de son succès. Le jeu est la seule forme d’action dont les buts en apparence les plus décevants qui soient, ne puissent être décevants, la seule forme d’action qui soit défendable, la seule qui soit digne de l’homme parce qu’intelligente et instinctive à la fois. La seule, en un mot, qui doit être prise au sérieux. »

En réponse à une de mes lettres lui disant que je regrette de n’avoir pas fait une école de traductrice car j’aime beaucoup cette activité, mon correspondant écrivain m’avait écrit : « On n’apprend pas à traduire, on traduit. On n’apprend pas à écrire, on écrit. »  . Une évidence… pour lui qui écrit et traduit depuis plus de cinquante ans !  Pour lui aussi c’est une nécessité, une habitude, un jeu.


De Riad Sattouf à Imre Kertész, mes lectures de la semaine dernière
Il est très long le chemin qui conduit au jeu. Il est difficile de ne pas  retourner sur ses pas et tout aussi difficile de marcher sans but autre que celui de marcher.

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