La nécessité serait à la base de toute activité créatrice, c’est le
philosophe Gilles Deleuze qui le dit. Activité créatrice dans n’importe quel
domaine oui. Mais dans le domaine de l’art. qui répond à une nécessité ?
Et quelle nécessité ? « Nécessité intérieure » sera la réponse
la plus fréquente. La création
artistique serait donc un privilège accordé à quelques élus, élu car égal à
Dieu et adoré comme tel. Soit elle est accessible à
chacun. Or ce qui distingue les deux ce n’est pas le départ, ce n’est pas la
source, c’est le parcours.
Au départ il y a le désir,
l’envie (la graine) et des moyens qui y correspondent grâce à un environnement
familial et culturel (le terreau) qui oriente vers tels outils plutôt que tels autres.
Et puis il y a l’habitude, la répétition, le travail diront certains (le temps
de la croissance) et enfin pour quelques uns le jeu (le temps de la récolte).
Pour Charlotte qui fait de la
danse classique deux fois par semaine et qui le fait depuis plus de vingt ans,
c’est à la fois une nécessité et une habitude et finalement quelque chose qui
s’apparente au jeu dans le sens qu’en donne l’écrivain Henry de
Montherlant : « J’appelle
« jeu » une activité ayant sa fin dans le plaisir qu’on en éprouve et
nulle part ailleurs, un effort qui a sa vertu propre, indépendante de la
direction dans laquelle on l’exerce et de son succès. Le jeu est la seule
forme d’action dont les buts en apparence les plus décevants qui soient, ne
puissent être décevants, la seule forme d’action qui soit défendable, la seule
qui soit digne de l’homme parce qu’intelligente et instinctive à la fois. La
seule, en un mot, qui doit être prise au sérieux. »
En réponse à une de mes lettres lui disant que je regrette
de n’avoir pas fait une école de traductrice car j’aime beaucoup cette
activité, mon correspondant écrivain m’avait écrit : « On n’apprend
pas à traduire, on traduit. On n’apprend pas à écrire, on écrit. » . Une évidence… pour lui qui écrit et
traduit depuis plus de cinquante ans ! Pour lui aussi c’est une nécessité, une habitude, un jeu.
De Riad Sattouf à Imre Kertész, mes lectures de la semaine dernière |
Il est très long le chemin qui conduit au jeu. Il est
difficile de ne pas retourner sur
ses pas et tout aussi difficile de marcher sans but autre que celui de marcher.
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