lundi 1 mai 2017

Education des enfants et tournage en poterie : similitude des arts. (3)

L'objet de la poterie est un volume creux, créé de l'intérieur.
Un pot entoure un vide et c'est ce vide qui lui donne forme et vie. »

Volume creux, créé de l’intérieur
Précision, constance et douce fermeté sont les instruments indispensables au travail de la terre sur le tour. On l’a vu précédemment pour le centrage de la balle d’argile. Leur importance est évidente à l’étape suivante, celle du creusement de la balle.
Le pouce s’enfonce verticalement le long de l’axe et évide la masse au centre. Puis on écarte les parois depuis le bas. A ce stade on sent déjà les virtualités de l’argile. Les deux mains s’accordent pour exercer la pression qui fait monter les parois du cylindre et lui donne une forme. C’est la création de son espace intérieur où subsistent parfois quelque aspérité, quelque infime renflement, qui participent à son unicité.

Dès que le petit enfant fait des ébauches de phrases, on sent les virtualités de ces petits êtres humains. Alors que j’ai grand peine à contenir mon envie de le remplir de mes savoirs, de mes manières de faire, ce dont mon enfant a réellement besoin c’est de vide, d’espace, aménagés dans un contenant rassurant et chaleureux. Dans ce volume creux que je crée de l’intérieur, son imaginaire circulera librement, en sécurité, car ses parois sont solides. Solides mais pas lisses et rigides car mes propres aspérités et renflements éventuels lui enseigneront mon imparfaite personnalité. Solides mais pas lisses et rigides car l’enfant qui remplira l’espace que je lui aménage entre ces parois les modifiera aussi, en les confrontant avec sa propre personnalité.

Un pot entoure un vide et c’est ce vide qui lui donne forme et vie
C’est peut-être dans cette plasticité des parois de l’objet que ma comparaison entre la poterie et l’éducation trouve sa limite… et encore.
Un bol, un vase, un pot, à la sortie du four n’est plus une forme malléable alors que l’homme est en état de perpétuelle transformation. Cependant, même une poterie subit des modifications avec le temps, modifications voulues ou non.
Des mutations internes : qui n’a jamais constaté des fendillements dans l’émail ?
Des modifications d’apparences selon son éclairage, son environnement.
Des mutations historiques : sa forme, son usage et même ses décorations peuvent passer de mode.
Que je le veuille ou non, que j’en sois consciente ou non, j’évolue sans cesse, soumise aux aléas de ma propre vie et de celle de mes proches. Et pour le reste de mes jours, c’est cette forme à qui j’ai donné vie, cet espace dans lequel une personnalité s’est développée, c’est cet enfant qui sera pour moi un des facteurs les plus importants de ma propre évolution.


Dans l’art de la poterie, un pot entoure un vide et c’est ce vide qui lui donne forme et vie. Dans l’art de l’éducation, un parent entoure un enfant et c’est cet enfant qui lui donne forme et vie… entre autres !

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