samedi 6 mai 2017

Le dimanche matin à la cuisine

Au fourneau !

Chez nous, tous mes dimanches matin sont consacrés à la préparation du repas familial de midi. Et ça rend ma vie très belle.
Avec les années, les convives ont un peu changé. Certains, toujours présents dans les cœurs, sont à jamais absents de la table. Certains se font rares. Certains ont vieilli. Et des nouveaux sont arrivés et avec eux le printemps.  Une condition : ne viennent que ceux qui en ont envie !

Parfois, la préparation du repas commence déjà le samedi soir. Comme ma maman le faisait. C’est surtout vrai pour le repas de Bénichon que je ne conçois pas autrement que « complet ». Mais en général, je commence vers huit heures trente, étalant les diverses étapes de la préparation des aliments sans stress, pour que le repas soit prêt vers midi. Dans la rue et dans l’immeuble  le silence domine. J’en jouis pendant deux bonnes heures puis je « mets » la radio sur mon téléphone, de la musique classique (réécoute de Inédit sur Espace 2) qui me permet de penser ou une sélection de variétés que j’ai sélectionnées sur YouTube qui me donnent la pêche et l’envie de danser.

J’aime manger et mon plaisir commence dès l’achat des ingrédients au marché près de chez nous. Le maraicher est mon petit cousin. Il ne s’affiche pas bio mais je suis intimement persuadée que sa marchandise est la meilleure au monde. D’ailleurs ça se voit sur lui et sur ses vendeurs. Le poissonnier est pêcheur sur le lac de Neuchâtel et je suis sûre que c’est parce qu’ils ont passé une vie heureuse au large de Chevroux que sa palée ou son omble chevalier se laissent prendre dans ses filets. Et le boucher peut aussi me dire dans quel pâturage paissent les animaux qui finissent sur son étal. C’est grâce à tout ce petit monde que je me réjouis tant de régaler le mien, de monde,  le dimanche.

J’aime manger et mon plaisir vient du toucher des légumes frais : laver et enlever la tige de chaque feuille du kilo et demi d’épinards de printemps ; peler les carottes et les pommes de terre ; laver une montagne de feuilles de salade (car ils aiment tous la salade… sauf moi) ; étouffer l’ail et pleurer les oignons… Les adultes aiment les légumes pour ce qu’ils sont : des saveurs à chaque fois redécouvertes parce que saisonnières. Mais les enfants ! Comment les leur préparer pour qu’ils y goûtent ? Crus à l’apéritif ? En beignets ? En soupe ? En petits flancs ? En galettes ? Heureusement qu’il y a le dessert qui assure du plaisir à chacun car je le conçois comme un pas de deux : glace avec coulis ou salade de fruits ou petits biscuits faits maison ; cake au chocolat et salade de fruits ; crèmes et fruits ou un essai avec fruits de saison.

J’aime manger et de temps en temps, je tente une nouvelle recette. Nouvelle parce trouvée sur Internet, dans une revue, ou dans un de mes nombreux livres de recettes prenant la poussière sur l’étagère. Nouvelle parce que j’ai envie d’essayer moi, de nouvelles associations que j’imagine goûteuses au possible. La réussite n’est pas toujours au rendez-vous, mais les convives sont si indulgents que l’envie de renouveau me prend régulièrement. Pourtant, j’ai un faible pour les anciennes recettes mijotées pendant des heures dont le parfum donne sa couleur à mon dimanche.

Ce que j’aime par dessus tout, c’est préparer de bonnes choses à manger pour ceux que j’aime. Je ne sais pas vous, mais moi, depuis toujours, dès que j’aime quelqu’un, j’éprouve une envie irrésistible de lui préparer quelque chose de bon à manger. Pas de lui acheter du bon chocolat ou une bonne bouteille, ni des biscuits ou autres spécialités proposées sur mon chemin, mais quelque chose que j’ai fait moi, pour lui en particulier. Car je crois à la magie. Je sens au plus profond de moi, que celui qui  mangera ce que je lui ai préparé avec tant de plaisir, en ressentira forcément physiquement et psychiquement les effets bénéfiques.


Et ça, ça déborde les dimanches matins.

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