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Port de Kochi, Kerala |
Samedi dernier, quatre heures du matin, départ pour Kochi à 180 km de Calicut (sur Google il est prévu 5 h.30 de route) où deux religieuses sont attendues pour une journée de travail « intersites » de leur communauté. Le chauffeur et moi attachons nos ceintures (ce qui n’est pas du tout dans les habitudes d’ici) alors que, sur le siège arrière, les deux Sr récitent une prière.
Par endroit, la route est à moitié recouverte d’eau, ceci rétrécissant considérablement l’espace de croisement ! Alors on y va à coups de klaxons!
Il y plus de camions que de voitures qui circulent ici, c’est un peu comme si on se déplaçait sur une route nationale française. Heureusement, dans la nuit, peu de piétons. Et ils sont visibles car ils sont tout de blanc vêtus. Que des hommes. On me dit que ce sont des musulmans. Il est vrai que tout au long du chemin nous allons passer devant de nobreuses mosquées, davantage de mosquées que de temples hindous ou d’églises chrétiennes. Sont-elles plus proches de la route que les autres, plus visibles du fait de leur grandeur et de leurs façades très claires ? Dans tout le Kerala, comme en Suisse, pas de grands espaces sans habitations. L’humain occupe le territoire.
Pour cause de « pause chauffeur », nous nous arrêtons à mi-chemin pour déjeuner. Le restaurant est plein. Et c’est comme si nous pénétrions dans un tableau d’Auguste Macke - Couple à la table du jardin – par exemple.Tous ces saris, ce sont les couleurs du fauvisme ! Et là, ce qui m’est servi sur mon plateau de déjeuner, ç’est une coiffe bigoudène couchée sur le côté.
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Roast dosa |
Peu après cet arrêt, nous dépassons plusieurs petites motos transportant des caisses en plastique sur le siège arrière. Ce sont des pêcheurs sur la route du marché. Nous arrivons au bord de la mer. Sous un ciel de plomb, le vent ébouriffe les palmiers, et sur la plage s’écrasent de grands rouleaux beige sombre coiffés d’écume. Sur un mur, un homme seul, chemise et dothi (grande pièce de coton noué autour de la taille) battant des ailes, face aux éléments déchainés. Et pas le temps de s’arrêter pour faire une photo !
A 9 h. précises, la voiture entre dans l’enceinte du couvent. Pour les Sr c’est le travail. Deux des trois chauffeurs ayant amené les religieuses des différents couvents ne connaissent pas la ville. Alors, à la demande de la Supérieure, le troisième va nous conduire dans différents endroits de la ville.
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Temple hindou, Kochi |
Premier arrêt, un temple hindou. Sur une vaste parcelle, au cœur de la ville, plusieurs bâtiments habritant des statues de « je ne saurais malheureusement pas vous dire » quels personnages sacrés devant lesquels se consument des bougies et des bâtons d’encens. Sur toute la surface des quatre côtés du bâtiment principal, le grillage d’un millier de bougeoirs destiné à se transformer en chandelier géant le jour de la Fête des Lumières. Une ambiance de piété, de recueillement. De nombreux pratiquants sont présents. Toute une famille arrive, en habits de fête. Le chauffeur m’accompagne pour la visite. Il enlève sa chemise pour entrer dans les temples. Moi je n’entre pas, par respect pour ceux qui y prient Au fond du jardin, au pied d’un petit autel, une femme, assise au sol, chante des incantations en s’accompagnant d’un instrument rudimentaire, une sorte de tampoura où ne subsisterait plus qu’une seule corde.
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Eglise St-Georges, Kochi |
Deuxième arrêt, au cœur de la ville également, la plus grande église catholique du Kérala, l’église St Georges. Façade blanche, grand escatier de part et d’autre d’une esplanade de pierres tombales allongées au sol. A l’intérieur, quatre énormes piliers recouverts d’or, le chœur entièrement recouvert d’or. (« Quelle vanité ! » me dira une Sr un peu plus tard). Sertis dans tout cet or, de part et d’autre de l’autel, deux très beaux petits vitraux, d’une extrème simplicité, dans des tons pastels. Et c’est immense ! Et c’est vide… à part une jeune femme, pour me dire qu’il est interdit de photographier !
Troisième halte, au bord d’une rivière, une église plus simple, comme on en voit dans nos contrées catholiques (à part la façade blanche qui se voit de très loin). L’endroit est magnifique.
A quelques pas de là, un bac s’éloigne silencieusement d’un petit débarcadère pour rejoindre l’île du milieu de la rivière. Pendant que je visite l’église, les chauffeurs m’attendent, assis sur les escaliers qui descendent dans la rivière. C’est désert. C’est tranquille.
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Avant |
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Après
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Au confessional: je vous laisse imaginer une histoire pour illustrer les 2 photos!!
Dernière escale, le port de Kochi avec des bateaux qui proposent un circuit pour visiter le port et ses environs. Très peu de touristes durant la mousson, que des Indiens. Nous prenons un café pas vraiment ensemble (ça fait bizarre ces trois hommes avec cette vieille Occidentale) Ils gardent une certaine distance. Ils parlent chacun leur langue (le kannata, l’hindi et le malayalam), se comprennent entre eux et comprennent peut-être l’anglais, mais un seul le parle. Ils me posent deux questions : « Est-ce que vous conduisez la voiture ? » et « Pourquoi ne mettez-vous pas de sucre dans votre thé ? »
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Petit café dans le port de Kochi |
De retour au couvent, aussitôt le meeting de la communauté terminé, nous prenons la route du retour. Il pleut abondamment pendant presque tout le trajet. Ce qui ralentit forcément l’allure sur ces routes bondées de trains routiers, de motos suicidaires, de vélos sans phare et de rares fantomes de piétons. Dix heures trente de route pour six heures de meeting.
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Scène de rue - Transport familial |