jeudi 7 juin 2018

Une aventure indienne 1

 
La maison provinciale à Bengalore
Une aventure indienne  1
C’était en janvier dernier. Elles cherchaient une volontaire pour donner un cours de French Through English dans leur Institut of Management and Fashion Design à Calicut( Kozhikode) au Kerala. 

Après trois mois d’intense préparation et plus de deux cents slides (diapositives) Keynote (PowerPoint) enregistrées dans un nouveau dossier (Inde) ; un dictionnaire et des livres d’exercices, dans le sac à dos, je fais face au fonctionnaire de la douane de l’aéroport de Bengalore. En lisant l’adresse de mon futur lieu de séjour, son scepticisme est évident quant au choix de mon  visa (touriste individuel) : un institut de formation et, en plus, appartenant à une congrégation religieuse catholique. Après l’intervention (divine ?) d’un deuxième fonctionnaire, plus conciliant, je suis admise sur le territoire indien.

Pour moi, un endroit, où qu’il se trouve dans le monde, s’identifie tout d’abord à son odeur. Par exemple, quand on quitte Châtel-St-Denis en direction de Bulle, de Fribourg, ça sent les vaches et parfois, les foins. Ici, à Bengalore, c’est tout d’abord l’air pollué par la motorisation et une odeur d’égoût, de toilettes à « ciel ouvert » alors que les bouchons entravent notre progression au cœur de la mégalopole. 
Dès qu’on pénètre dans l’enceinte du couvent, c’est le parfum des fleurs émanant des centaines de pots qu’elles ont disposés tout autour des murs.
Puis dans la chambre, des senteurs d’épices comme nulle part ailleurs, alors qu’elles préparent le repas dans la cuisine de l’autre côté de la cour intérieure.
Ensuite, cet ailleurs se définit aussi par des sonorités différentes. Dominant le vacarme des enfants dans la cour de l’école primaire voisine, le grondement continu de la circulation routière et l’appel ponctuel à la prière du minaret voisin, des chants d’oiseaux inconnus, chants qui ressemblent parfois au cri de certains singes.
Enfin, l’endroit se colore : des ponts soutenus par des piliers peints en bleu, le jaune et vert des motos-taxis, les saris somptueux des passagères de motos, le vert luxuriant des arbres repoussant le gris-beige envahissant des immeubles.
Downtown Kochi

Quelles soient africaines ou indiennes, les chambres des hôtes de la communauté sont toutes pareilles : une entrée avec fauteuils et table basse, une chambre avec un lit, une armoire et une table en bois massif ; des barreaux aux fenêtres  (en verre dépoli à Calicut), le sol en granit lisse (de la moquette ici) ; une salle de bain avec grille d’évacuation au sol, un lavabo et un miroir, un robinet en plus contre le mur et un grand seau auquel est suspendu un petit pot pour se doucher. Autre singularité d’ici : pas de moustiquaires aux fenêtres ni sur le lit. Il faudra s’y faire !!! 
Partout une atmosphère de semi-obscurité (rassurante car on ne voit pas les insectes éventuels !), mais atmosphère de confinement aussi : l’extérieur  se manifestant uniquement à l’ouverture de la porte principale.
Quant à l’accueil : partout elles sont « aux petits soins »,  se « mettent en quatre » pour nous. Ici, à Calicut, la chambre est immense avec un grand frigo et même une machine à laver à la salle de bain. Il faut dire que cette chambre-ci était destinée à d’autres personnes en lien avec le collège. Ce matin, une des religieuse est même allée acheter une bouilloire pour que je puisse faire mon Nescafé de l’après-midi dans la chambre !

Avec le fracas de la mousson… j’hésite entre la soufflerie du climatiseur ou le chuintement rapide des grandes ailes rafraichissantes au plafond. Malgré la chaleur insistante, c’est décidé : jusqu’au soir, je donne la parole à la pluie. 

Le portier à Bengalore

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