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Wagon-lit au Kerala |
Le jour de mon atterrissage à Bengalore, à la tombée de la nuit, la voiture s’insère dans le flux continu mais parfaitement maîtrisé de la circulation sortant de la ville. Il doit bien exister quelque part un guide pratique du klaxon, une sorte de langage, adaptable selon les cultures (en Suisse on est muet !). Le klaxon comme une manifestation de la hiérarchie routière peut-être ? Pas de vélos ici, c’est tout simplement pas possible. Des scooters et des motos surtout, en compétition avec les voitures, les bus et les camions. Nous traversons des marchés avec, par exemple un secteur de vendeurs de mangues de différentes grandeurs et variétés sur plus d’un kilomètre sans presque aucun acheteur ! Nous ignorons au passage des temples hindous aux couleurs pastels et scupltures jouant leur légendre sur les pentes de leur toit ; des échoppes scintillantes ; des chariots fumant leurs grillades ; d’étroites ruelles où la chaussée en déliquescence affleure les flaques brunes. Et nous voilà à la gare principale de Bengalore.
Ah, ces diables de représentations ! Je m’imaginais, traversant la foule d’un hall immense aux allures de Pékin et je me retrouve traversant les voies, à la façon de la banlieue de Moscou, tirant ma valise en sachant bien « qu’un train peut en cacher un autre ». En fait, on a choisi un parking précédant l’entrée principale de la gare pour pouvoir y laisser la voiture quelques minutes. Arrivés sur le quai voulu, nous cherchons notre wagon sous le regard curieux de ceux qui mangent, ou somnolent, ou jouent ou attendent sur les bancs de pierre. Nous avançons en évitant les chargements téméraires des chariots de colis divers et les éclaboussures de ceux qui se lavent aux nombreux bassins de pierre à disposition de tous ici.
A l’intérieur du wagon, la climatisation est « à coins », il ne doit pas faire plus de 16°. Tous les rideaux sont fermés. On les écarte pour trouver notre couchette. Sous le siège, juste la place pour trois grosses valises et un grand sac rempli de mangues (cadeau des Sr de Bengalore à celles de Calicut) . Je prends celle du haut, en face d’un Indien, la 40aine, qui lit un livre de prières en anglais. En bas, Sr Merrina et une Indienne de mon âge. A disposition de chaque passager, posé sur une lourde couverture brune, un sac de papier contenant 2 draps blancs et une serviette éponge. A chaque extrémité du wagon : des toilettes : à gauche, «2 Indian style » (celles où l’on s’accroupit) et à droite, 1 « Indian style » et 1 « Européen style ». Tout est en fer et dans chacune une douchette pour la « petite toilette » et un lavabo. C’est vieux et spartiate mais tout est propre et tout fonctionne. En face d'un évier juste à l'entrée du wagon, la couchette rabattue du surveillant. Avant le départ du train, on est interpellé par les offres du va et vient incessant des vendeurs de thé, café, et différents mets.
Le contrôleur ne demande pas notre billet, il ne veut voir que la carte de crédit avec laquelle la place a été réservée. Le wagon est silencieux. Il y a des bébés et de très jeunes enfants. Tout le monde dort. Au réveil, les palmiers scintillent sous leur glacis brillant d’eau, les rizières sont partiellement inondées et sur les sentiers qui pénètrent la forêt (« ça, ça n’est pas la « forêt » ! me dit Sr Merrina) des saris aux couleurs éclatantes trébuchent dans la boue.
Parti à 20 h. sous un ciel clair et à l’heure, le train arrive à Calicut à 9 h.30 dans la moiteur d’après l’averse et avec une heure de retard. C’est la Sr directrice de l’école qui vient nous chercher avec leur chauffeur. De grands linges éponges recouvrent les sièges des voitures : ici on transpire, sans odeur, et on sait maintenir un certain confort !
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Vue de la gare de Calicut (Kozhikode) Kerala |
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