jeudi 9 mars 2017

Lire des histoires en bandes dessinées

Remonter le temps en bandes dessinées. C’est un cadeau reçu à Noël, le premier album de L’Arabe du futur de Riad Sattouf qui m’en a donné envie. Cette chronique de la vie en Lybie et en Syrie de l’auteur alors qu’il était enfant d’un père syrien et d’une mère bretonne, c’est le regard spontanément naïf mais si juste de l’enfance sur le monde des adultes plein de paradoxes, d’amour et de cruauté. A lire absolument.

La bande dessinée c’est la conjonction de deux talents en vue de leur potentialisation respective : le dessin et l’écriture. Lire une histoire en bande dessinée, c’est découvrir l’essentiel : pas un mot de trop, pas un trait de trop, C’est aussi jouir de l’accord parfait entre un personnage et son environnement historique, géographique, sociologique et culturel sans avoir à lire des pages et des pages de descriptions et d’explications.

Lire une bonne bande dessinée c’est la possibilité d’appréhender des réalités complexes par la dédramatisation du dessin. Un exemple Les Mohammed de Jérôme Ruillier. S’appuyant sur des témoignages recueillis par Yamina Benguigui dans le documentaire et le livre Mémoires d’immigrés, l’héritage maghrébin, le roman graphique raconte la vie et les problèmes d’intégration des immigrants d’Afrique du Nord venus en France lors des pénuries de main d’œuvre, des années 1950-1970,  et évoque aussi leurs familles qui les ont rejoints et les générations qui leur ont succédé.
Prendre du recul par le biais de la simplicité du dessin et la concision des témoignages permet d’universaliser le propos. En effet, c’est à la vie des migrants d’hier et d’aujourd’hui que nous pensons en lisant ce roman graphique.

Un autre exemple de dédramatisation : Aya de Yopougon, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie. Ici c’est une Afrique loin des clichés de la misère et des conflits armés qui nous est contée. Les personnages sont situés dans un quartier d’Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire à la fin des années 70.  Avec beaucoup d’humour  et le vocabulaire spécifique du lieu, et des dessins qui collent au plus près de l’ambiance et des interactions sociales et familiales,  les auteurs nous content les soucis et les rêves de cette communauté. C’est frais, c’est plein de surprises et de rebondissements et les « coups de théâtre » qui surviennent à la fin de chaque album nous font nous précipiter sur le suivant.
Le Coeur en Islande


Mais la bande dessinée, ce n’est pas seulement un moyen idéal pour se plonger dans des réalités proches ou lointaines. La bande dessinée c’est avant tout des histoires bien racontées et bien dessinées, comme Le Cœur en Islande, de Makio.


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