vendredi 17 mars 2017

Désir - quête - art

Les palmiers fumeurs de pipe (inspiré par L'Ivrogne dans la brousse de Amos Tutuola) 
"Lisant Rimbaud, je me souviendrai aussi de la pensée qui m'avait visité dans les vallées du Sichouan: si l'homme est un animal toujours assoiffé, la nature, pourvoyeuse d'eau, à de quoi combler son désir. Il faut croire que la création n'engendre point de désir qu'elle ne puisse satisfaire. En somme, l'homme a soif parce que l'eau existe. L'homme, certes, est libre de désirer, mais il ne peut désirer que ce que le réel insondable recèle déjà. Même lorsqu'il va jusqu'à désirer l'infini, c'est que l'infini est là, prévu pour lui. Tout ce passe comme si ce que l'homme désire le plus était là par avance contenu dans le désir: sinon aurait-il pu le désirer? Une fois de plus, j'étais persuadé, comme pour les gâteaux occidentaux goûtés dans mon enfance, que l'accomplissement du désir de l'homme se trouvait dans le désir lui-même.

Cette liberté conditionnée du désir humain, loin d'abaisser ou de rétrécir l'existence humaine, la rehausse, l'élargit. Elle la met au cœur d'un vaste mystère. Et rend l'aventure de l'homme moins chimérique. Dans ma marche à côté de l'Ami vers Yumei, fort de cette conviction peut-être naïve, je me disais que si mon destin sur terre était d'errer, qu'au moins je le transforme en une quête passionnée dont le but me serait forcément révélé un jour."
François Cheng, Le Dit de Tian-Y

Le but est-il forcément révélé un jour ? Je n'en suis pas sûre. Mais connaître le but est-ce important?
L'important n'est-il pas d'abord de se mettre en route? L'important c'est la quête sans objet (sans raison, sans but). La quête pour la quête. 
Au départ l'injonction dite ou non-dite était "Reste à ta place" ou "Sois réaliste".
Après ce fut: "J'essaie, même si c'est un peu fou, même si ça paraît voué à l'échec"
Maintenant c'est: "Plus. Encore. Autrement. L'impossible."        Autrement dit...

"Il y a deux chemins: l'un est court et droit mais il ne mène nulle part. L'autre est long et tortueux et on ne sait pas où il mène, mais en attendant on sent au moins qu'on marche."
Imre Kertész, Le Refus

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