Dessin de Côté paru dans Le Soleil Québec (reproduit dans Courrier international ) |
"L'ère de la désinformation"
C’est le thème du Hors-Série du Courrier International des mois d’octobre, novembre et décembre
2017. Je l’ai lu dans son intégralité et je partage ici
quelques lignes que j’en ai
ressorties et quelques leçons que j'en retire. Mais je vous invite bien sûr à le lire vous-même
pour en tirer vos propres enseignements. Tout d’abord, quelques définitions
pour savoir de quoi on parle.
Fact-Checking : "littéralement « vérification des
faits », l’expression est souvent associée à des sites qui contrôlent
l’exactitude de certaines informations en ligne. (ex. en Italie : Pagella Politica) Dans tous les Etats
dotés de telles instances de vérification, le discours politique comporte moins
de fausses informations et de semi-vérités". Mais il y a un risque bien réel, la
surrèglementation avec par exemple un Ministère de la Vérité dirigé par
qui et pour qui ?
Fake news : ce sont des histoires délibérément construites sur
les médias sociaux afin de gagner de l’argent ou pour atteindre un objectif
politique précis. Les fake news sont conçues pour se répandre comme une
traînée de poudre et c’est pourquoi elles s’appuient généralement sur nos
réflexes, comme l’indignation, et portent sur des sujets accrocheurs : les
réfugiés, les abus sur les enfants, la guerre et la paix. La nouveauté est
qu’un seul individu peut désormais diffuser ces informations mensongères à
grande échelle. Ce problème nouveau et bien réel diffère des ragots de la
presse à scandale, des théories du complot et des légendes urbaines.
BOT : logiciel informatique conçu pour agir de façon autonome. Il désigne souvent un programme qui mime une action humaine de façon si parfaite
qu’on ne distingue pas le bot de
l’internaute lambda. Il peut être programmé pour diffuser et amplifier des
messages sur internet, spammer et saturer un site. Il peut être utilisé par
exemple pour faire des modifications dans les archives induisant en erreur les
chercheurs.
ALT-FACT /Faits alternatifs : grossiers mensonges. Le concept
de « faits alternatifs » laisse entendre qu’il n’y aurait pas de
mensonges mais uniquement des divergences d’opinion.
Post-vérité (Relativisation de la vérité) Quand les mensonges n’ont
plus d’importance ou lorsque la résonance émotionnelle des affirmations
mensongères importe plus que leur exactitude factuelle. Autrement dit : quand les faits objectifs ont moins
d’influence sur le façonnement de l’opinion que l’appel aux émotions et aux
croyances individuelles.
L’esprit civique doit résister
avec ténacité face à ceux qui racontent des contrevérités, des demi-vérités et
des mensonges éhontés. C’est le seul moyen de lutter contre la post-vérité.
Facteurs facilitant les fake-news :
- Dans certains pays, la barrière
de la langue et la difficulté d’accéder à des sites étrangers facilitent la
production et la diffusion des fake-news.
- Dans un monde où la vérité –
notre outil de communication – perd du terrain, les fake news cessent de
paraître fallacieuses.
- Faiblesse de la culture de la
lecture face à un nombre d’usagers de téléphone portable élevé.
- Accroissement considérable de
la charge d’informations reçues. Distraits par toutes ces informations que nous
consultons, nous sommes incapables de voir l’éventail complet des arguments
potentiels ou des aspects d’une
information.
- Les gens se rassemblent dans
des bulles sociales ou idéologiques. Ne suivre que des gens qui nous
ressemblent sur les réseaux sociaux fait office de caisse de résonance nous
exposant davantage à la désinformation.
- Le piège c’est d’accepter cette affirmation de plus en plus
répandue : « Même si ce n’est pas la vérité, ça pourrait
l’être ».
- La politique a tendance à se transformer en une branche
du show-business, avec la course à l’audience.
La désinformation n’est pas une question politique de droite/gauche,
C’est un phénomène autrement plus vaste. « Au fond, la question est la
suivante : voulons-nous pérenniser un système d’échange d’informations,
d’analyses approfondies et d’examens des faits ? Ou voulons-nous nous
enfoncer dans un vaste marécage émotionnel où nous serons bombardés
d’affirmations numériques et contraints de nous regrouper dans des bulles
défensives où le discours démocratique n’aura plus aucune signification ? »
Matthew d’Ancona
La question est aussi de savoir
si les gens sont plus disposés à se cramponner à leur notion tribale ou
personnalisée de la vérité, ou s’ils perçoivent de la valeur dans les choses
qui sont vraies parce qu’elles sont simplement vraies.
Mesures concrètes souhaitables
- Apprendre
à utiliser le Web de façon
intelligente et avertie dès l’âge de 5 ans
Se méfier: - Si l’URL
contient des éléments suspects ex. (xyzcourrierinter.fr.co)
- S'il y a des problèmes de ponctuation, de
grammaire, d’orthographe
- On
ne connaît pas la source de l’information ? Aller voir ce que contient la
page « About us » ?
La vérité résiste à l’épreuve du temps Asad Latif Journal de Singapour The
Straits Times le 20 août 2017, Courrier International (Hors-série cité ci-dessus)
C’est la reconnaissance de faits irréductibles qui, en dernier
ressort, rend possible une société. Matthew d’Ancona Sur le site 52
Insights, Royaume-Uni, Courrier
International (Hors-Série cité ci-dessus)
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