lundi 11 décembre 2017

La désinformation: quelques mots, quelques phrases

Dessin de Côté paru dans Le Soleil Québec (reproduit dans Courrier international )

"L'ère de la désinformation"
C’est le thème du Hors-Série du Courrier International des mois d’octobre, novembre et décembre 2017. Je l’ai lu dans son intégralité et je partage ici quelques lignes  que j’en ai ressorties et quelques leçons que j'en retire. Mais je vous invite bien sûr à le lire vous-même pour en tirer vos propres enseignements. Tout d’abord, quelques définitions pour savoir de quoi on parle.

Fact-Checking : "littéralement « vérification des faits », l’expression est souvent associée à des sites qui contrôlent l’exactitude de certaines informations en ligne. (ex. en Italie : Pagella Politica) Dans tous les Etats dotés de telles instances de vérification, le discours politique comporte moins de fausses informations et de semi-vérités". Mais il y a un risque bien réel, la surrèglementation avec par exemple un Ministère de la Vérité dirigé par qui et pour qui ?

Fake news : ce sont des histoires délibérément construites sur les médias sociaux afin de gagner de l’argent ou pour atteindre un objectif politique précis. Les fake news sont conçues pour se répandre comme une traînée de poudre et c’est pourquoi elles s’appuient généralement sur nos réflexes, comme l’indignation, et portent sur des sujets accrocheurs : les réfugiés, les abus sur les enfants, la guerre et la paix. La nouveauté est qu’un seul individu peut désormais diffuser ces informations mensongères à grande échelle. Ce problème nouveau et bien réel diffère des ragots de la presse à scandale, des théories du complot et des légendes urbaines.

BOT : logiciel informatique conçu pour agir de façon autonome. Il désigne souvent un programme qui mime une action humaine de façon si parfaite qu’on ne distingue pas le bot de l’internaute lambda. Il peut être programmé pour diffuser et amplifier des messages sur internet, spammer et saturer un site. Il peut être utilisé par exemple pour faire des modifications dans les archives induisant en erreur les chercheurs.

ALT-FACT /Faits alternatifs : grossiers mensonges. Le concept de « faits alternatifs » laisse entendre qu’il n’y aurait pas de mensonges mais uniquement des divergences d’opinion.

Post-vérité (Relativisation de la vérité) Quand les mensonges n’ont plus d’importance ou lorsque la résonance émotionnelle des affirmations mensongères importe plus que leur exactitude factuelle. Autrement dit : quand les faits objectifs ont moins d’influence sur le façonnement de l’opinion que l’appel aux émotions et aux croyances individuelles.
L’esprit civique doit résister avec ténacité face à ceux qui racontent des contrevérités, des demi-vérités et des mensonges éhontés. C’est le seul moyen de lutter contre la post-vérité.

Facteurs facilitant les fake-news :
- Dans certains pays, la barrière de la langue et la difficulté d’accéder à des sites étrangers facilitent la production et la diffusion des fake-news.
- Dans un monde où la vérité – notre outil de communication – perd du terrain, les fake news cessent de paraître fallacieuses. 
- Faiblesse de la culture de la lecture face à un nombre d’usagers de téléphone   portable élevé.
- Accroissement considérable de la charge d’informations reçues. Distraits par toutes ces informations que nous consultons, nous sommes incapables de voir l’éventail complet des arguments potentiels ou des aspects d’une information.
- Les gens se rassemblent dans des bulles sociales ou idéologiques. Ne suivre que des gens qui nous ressemblent sur les réseaux sociaux fait office de caisse de résonance nous exposant davantage à la désinformation.
- Le piège c’est d’accepter  cette affirmation de plus en plus répandue : « Même si ce n’est pas la vérité, ça pourrait l’être ».
- La politique a tendance à se transformer en une branche du show-business, avec la course à l’audience.

La désinformation n’est pas une question politique de droite/gauche, C’est un phénomène autrement plus vaste. « Au fond, la question est la suivante : voulons-nous pérenniser un système d’échange d’informations, d’analyses approfondies et d’examens des faits ? Ou voulons-nous nous enfoncer dans un vaste marécage émotionnel où nous serons bombardés d’affirmations numériques et contraints de nous regrouper dans des bulles défensives où le discours démocratique n’aura plus aucune signification ? » Matthew d’Ancona
La question est aussi de savoir si les gens sont plus disposés à se cramponner à leur notion tribale ou personnalisée de la vérité, ou s’ils perçoivent de la valeur dans les choses qui sont vraies parce qu’elles sont simplement vraies.


Mesures concrètes souhaitables
-       Apprendre à utiliser le Web de façon  intelligente et avertie dès l’âge de 5 ans
Se méfier: - Si l’URL contient des éléments suspects ex. (xyzcourrierinter.fr.co)
-        S'il y a des problèmes de ponctuation, de grammaire, d’orthographe
-       On ne connaît pas la source de l’information ? Aller voir ce que contient la page « About us » ?

La vérité résiste à l’épreuve du temps Asad Latif  Journal de Singapour The Straits Times le 20 août 2017, Courrier International (Hors-série cité ci-dessus)

C’est la reconnaissance de faits irréductibles qui, en dernier ressort, rend possible une société. Matthew d’Ancona Sur le site 52 Insights, Royaume-Uni, Courrier International (Hors-Série cité ci-dessus)

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