Présentation d'un repas dans un restaurant bien fréquenté |
Manger et boire
On mange avec les doigts de la main droite. C’est si naturel que partout où je suis allée, on n’a jamais pensé que je me servais d’un couteau et d’une fourchette à table. Après deux mois, je reste cependant attachée à mes habitudes européennes : au restaurant comme chez les particuliers, je demande des services car ils ne sont jamais mis d’emblée à disposition. Bien que je comprenne le plaisir que l’on peut éprouver à manger avec nos cinq sens (l’ouïe un peu moins heureusement), je n’aime pas en avoir plein les doigts sans compter le fait que je suis bien maladroite avec cinq doigts seulement.
C’est frappant : en arrivant chez un particulier ou dans un restaurant, on vous invite à aller vers un lavabo pour vous laver les mains. Ce n’est qu’ensuite qu’on vous présentera un siège ou une table.
En parlant boisson : Surprise ! Partout on vous verse un verre d’eau bouillante pour accompagner le repas. Si on m’avait dit qu’un jour, je boirais un verre d’eau bouillante avec grand plaisir… Dans la communauté des religieuses où je séjourne, l’eau potable passe d’abord par un dispositif de filtrations (Aquagard RU, Reviva), puis elle est bouillie et ensuite stockée dans de grandes jarres en aluminium.
Et l’on boit du thé, du thé au lait très sucré et légèrement épicé. C’est délicieux quoiqu’un peu trop sucré à mon goût. On boit aussi du café, sucré, si léger qu’on peut confondre une tasse de thé noir avec une tasse de café. Mais surtout, toutes ces boissons sont servies brûlantes et bues avec une rapidité impressionnante.
Eau potable: étape 1 |
Eau potable: étape 2 |
Au Kerala, les boissons alcoolisées ne sont disponibles que dans des magasins spécialisés (on trouve de la bière et du vin indiens) que je n’ai jamais vus encore et fumer est strictement interdit dans tout l’espace public.
Eau potable: étape 3 |
Tous les matins au déjeuner, je pèle et mange une banane qui a bouilli dans l’eau pendant 20-25 min. Délicieux. En plus, au choix : un œuf, cuit dur ou au plat, une crêpe (j’ai bien dû en goûter une 20aine de sortes différentes pendant ces deux mois : chapati, dosa et autres…), de la purée de tapioca, des röstis et différentes préparations de poisson en sauce.
A midi et le soir, c’est du riz, pas toujours le même, des haricots (tous les jours depuis deux mois) et plusieurs autres légumes cuits et épicés, du poisson (une à deux sardines grillées par personne, ou trois petites crevettes en sauce), ou du poulet (trois fois rien !). Du curry de pommes de terre ou du curry de noyaux de jackfruit que l’on mange avec le riz. Beaucoup d’hydrates de carbone, de fibres, mais très peu de graisse (sauf au dessert) et très peu de protéines. De la banane, on mange la fleur en légumes et l’intérieur du tronc en curry. Et des fruits (pendant la saison des pluies le choix est restreint): petites bananes, mangues, rambutams, fruits de la passion grenades, papayes, jackfruits et avocats. Ces derniers sont mangés en dessert : un grand avocat par personne que l’on écrase dans un bol en ajoutant du sucre et du jus de citron (délicieux !).
Atchapam (typique Kerala) |
Des pâtisseries au miel, au sirop de sucre et ghee, plus ou moins épicées (délicieuses). De la friture mais pas de mets cuits au four, il n’y a pas de four dans les cuisines. Le soir, après le souper, nous buvons « une tasse de chaud » (bouillant !) aux épices (excellente pour la santé, disent-elles). La préparation des repas prend un temps fou dès le matin aux aurores.
Plan de cuisson dans le couvent |
La communauté a un jardin mais la plupart des légumes viennent du marché. Elle a aussi un coq et des poules. L’autre soir, une des Sr disait que les poules chantent différemment quand elles se sentent menacées !! Car il y a ici des serpents et des mangoustes attirées par ce gibier. A Calicut, je n’ai pas vu de grands marchés de produits frais (mais il y en a un!). Partout dans la ville, on trouve tout ce que l’on cherche sur de petits chariots, de petits étals le long des rues. Pour le reste, il y a aussi quelques supermarchés, et en périphérie, des centres commerciaux comme chez nous, sauf que ce sont les bijouteries qui occupent la place.
En bref, je me réjouis de retourner manger à l'Alphabet à Fribourg. Je me réjouis de faire "ma cure" de produits laitiers au retour: beurre, gruyère, vacherin et sanglé de la laiterie de Châtonnaye, yogourts, et de refaire et manger du pain avec un bon verre de Javet-Javet!
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