Bonne 2e classe mon wagon |
Un week-end à Udupi 1
Invitée par les parents d’Athulya, l’étudiante à laquelle je donne des cours privés de français, je passe la fin de semaine dans l’Etat du Karnataka, voisin du Kerala. Quatre heures de train : le temps de faire un brin de causette avec mon voisin de siège, Krishna, qui s’est spécialisé dans le croisement des plants de canne à sucre et qui est aussi rameur pour les compétitions de barques traditionnelles à 100 rameurs (il me montre ça en vidéo sur son téléphone). Il me prête aussi son mot de passe wifi, me permettant ainsi de faire quelques recherches sur internet. Sur le siège devant moi, un acteur vedette de la TV locale plaisante avec ses voisins.
Arrivées à Mangalore, nous prenons un bus pour Udupi à une heure d’ici. Véhicule qui se remplira à mi-chemin avec les passagers d’un bus précédent tombé en panne. Il faut dire que l’état de la route met à rude épreuve tous les véhicules.
Udupi est connue pour son université de Manipal. Dans les villes de cette importance, quelques centaines de milliers d’habitants, il y a plus de maisons individuelles que d’appartements dans de grands immeubles, tous d’apparition récente. C’est une vieille maison (30 ans) à toit plat et façade massivement attaquée par la moisissure, entourée d’un petit jardin tropical où poussent des manguiers, sept cocotiers, des bananiers, des papayers, un jaquier, trois plans d’ananas et quelques légumes racines. Mais pas de fruits en ce moment : c’est la mousson. Il y a aussi des poules faméliques et un coq dans des clapiers ; et le chien de garde que l’on détache la nuit et quand il n’y a personne à la maison.
L’intérieur est modeste : une entrée salon avec une immense portrait de famille au mur et un chandelier-crucifix que l’on allume quand on souhaite le meilleur pour… . Un petit local de prières avec bible ouverte, chapelets suspendus au mur, statues et bougie allumée. Trois petites chambres à coucher, une salle à manger-salon de télévision avec une grande photo encadrée des parents (photo habituelle dans toutes les familles, mais que l’on ne suspend que quand les parents sont décédés). La télévision mais pas de wifi. Une grande cuisine, mais pas de four, un WC-salle de bain et une buanderie.
Foyer dans la façade arrière de la maison |
Réservoir d'eau chaude sous le couvercle |
Pas d’eau chaude au robinet (comme partout où je suis allée – il faut dire qu’il fait si chaud qu’une bonne douche froide est un réel plaisir), mais ici, il y a un petit foyer creusé dans la façade extérieure de la maison, dans lequel on brûle les coques de noix de coco séchées, pour chauffer l’eau d’un petit réservoir ouvert à l’intérieur de la salle de bain. Des barreaux aux fenêtres, du verre dépoli comme partout. Fenêtres qui ne sont que rarement vraiment closes. On ne voit pas à l’extérieur mais on entend, croyez-moi !
Après un thé de bienvenue avec flancs à la semoule (ananas, noix de cajou, sucre, curcuma et ghi) départ pour la visite d’un temple hindou en ville : Sree Krishna. Pas qu’un temple mais une enclave dans la ville, un petit quartier de huit temples, d’échoppes et de restaurants. Ce qui frappe en arrivant c’est un monceau de bois. Il est utilisé pour faire le repas qui est servi gratuitement, à tous ceux qui le veulent, tous les jours en milieu de journée. Cela ne se fait pas dans tous les temples.
Sree Krishna Temple Udupi |
Puis c’est l’étable des vaches des dieux, car ceux-ci aiment les vaches et ça leur fait plaisir d’en avoir près de leur demeure. Un bassin pour les ablutions et sur les escaliers quelques méditants : statues de chair au pied des statues de terre se pressant sur les façades et les toits. A l’intérieur, la lueur des bougies éclairent faiblement la poutraison, nouée comme un macramé et ciselée comme de la dentelle. Des chandeliers circulaires géants de métal noir à assise en forme de tortue, étagent des vasques d’huile débordantes de larmes de feu. Au creux de niches tapissées de feuilles de métal finement repoussées, dorées ou argentées, des statuettes des dieux, en métal ou en pierre, fleuries de guirlandes colorées et parfumées. Quelques fidèles, hommes et femmes, assis en position du lotus prient au pied d’un grand autel. Un prêtre distribue une « communion » sous forme liquide dans le creux de la main de ceux qui la lui tendent. Plus loin, des serviteurs du temple préparent de larges plats de pétales de fleurs, pendant que d’autres sont en plein « accompagnement spirituel » : d’une jeune mère portant son bébé ou d’un vieil homme inclinant sa tête en tendant l’oreille.
Chandelier un peu comme les grands à l'intérieur |
Nous faisons le tour d’une salle abritant les tombes de granit des officiants du lieu et débouchons sur une grande halle où le public écoute ou filme avec son téléphone portable (ici les photos sont permises mais jamais, au grand jamais, à l’intérieur même des temples) une belle chanteuse à la voix envoûtante accompagnée de deux musiciens : tabla et petit orgue à soufflet et manivelle. (suite)
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