lundi 23 juillet 2018

Une aventure indienne 8

Gopura de Murdeshwar avec échafaudages

Un week-end à Udupi 2 (suite)
Samedi, en route pour Murdeshwar. La ville se situe au bord de la mer d’Arabie à moins de 150 km d’Udupi. C’est là que se trouve la deuxième plus grande statue de Shiva au monde . (Murdeshwar est un autre nom du dieu Shiva). Entouré sur trois côtés par la mer, le temple est bâti sur la colline de Kanduka. A l’entrée, une gopura, haute tour de pierre de dix-huit étages avec ascenseur. Toutes ses façades sont recouvertes de bas-reliefs directement sculptés dans la pierre. Et le temple de Soleshwar, bâti au Xe s. par les rois de la dynastie Chola est encore un bijou d’architecture intérieure avec, tout autour et au centre de la cour intérieure, des petites chapelles, autels abritant des sculptures de différentes grandeurs des diverses représentations de Shiva, fleuries, éclairées par des lampes à huile, des bougies. 
Soleshwar Temple, cour intérieure
Même colonnes de pierre sculptée, même charpente démontrant l’indescriptible maîtrise des artisans du bois et de la pierre. Mêmes activités, même officiants et mêmes pratiquants que dans le précédent. 
Shiva à Murdeshwar

Au sommet de la colline, la fameuse statue de Shiva assise sur une grotte circulaire abritant une dizaine de représentations grandeur nature de scènes contées dans les livres contant les aventures des dieux. Les attitudes et les mimiques des personnages ont la même expressivité exagérée que ceux que l’on peut voir en faisant le Sentier des Chapelles entre Saas Grund et Saas Fee. Et sur le chemin du retour, avec son immense portique aux bas-reliefs sculptés dans du marbre blanc,l’édifice le plus beau que j’aie vu à ce jour avec, sur sa poutraison de bois précieux, des centaines de danseuses sculptées dans le bois évoluant au gré de leurs invraisemblables contorsions. C’est le temple de Kumbashi, aux portes recouvertes d’or repoussé représentant Laksmi aux quatre mains. 
Kumbashi Temple

Dimanche, on change de religions, on va à la découverte des Jaïns, religion qui remonterait au IXe s. av. J-C. Pas de représentations des dieux, une grande sobriété dans l’architecteure extérieure et intérieure de leurs lieux de culte : des reliefs scuptés en ronde-bosse dans la pierre. Et devant les autels, un peu de poussière et quelques grains de riz. Les lignes sont pures, c’est sobre, dépouillé et silencieux. 
Premier site visité : au sommet d’une colline de granit  le temple qui se situe derrière la statue du saint jaïn Bahubali, monolithe de granit de 18 m. de haut, datant du Xe s. 
Bahubali

Le deuxième temple, en face, sur une autre colline granitique, est le Chaturmukha Basadi, temple à quatre faces similaires érigé à la fin du XVIe s. en granit massif taillé. Le troisième, Saavira Kambada Basadi, le temple aux mille piliers qui remonte au XVe s. On a tout d’abord construit un temple abritant l’idole Chandranath puis on l’a agrandi en plusieurs étapes. Mais le tout est un ensemble homogène de mille piliers représentant chacun une histoire gravée dans la pierre. L’alignement harmonieux des piliers et la simplicité de leur gravure témoignent là aussi de l’art consommé des artisans qui y ont travaillé. Tous ces temples ont en commun d’avoir tout ou partie de leur toit, recouvert de grandes et épaisses plaques de granit étagés comme d’immenses tuiles irrégulières.
Saavira Kambada Basadhi / Temple aux mille piliers

Week-end intense et varié avec en plus quelques petits détails saillants :
- une rencontre avec la Beauté au détour d’un couloir : un regard noir de velours dans la sublime silhouette de la perfection incarnée ;
- les rires des vachers du temple s’ébrouant sous le puissant jet d’une conduite d’eau au fond de l’étable ;
- la dentelle scintillante des fourmis géantes qui trottinent dans la lumière sur un barreau de la buanderie-véranda où je me lave les dents ;
- un rat, squatteur de moteur et rongeur de cablerie, qui nous oblige à séjourner deux heures dans un garage au milieu du trajet ;
- les routes défoncées qui limitent à 20-30 km/h, la vitesse du trafic .
Et dans le train du retour, la petite Elaina, cinq ans et demie qui révise son alphabet hindi sur le téléphone de sa maman car elle a un examen lundi matin ! Sa langue maternelle est le malayalam (langue du Kerala), à l’école elle apprend l’hindi et l’anglais (langues nationales)  et le week-end elle apprend l’arabe car elle est musulmane. Ce qui lui fait : quatre alphabets différents à apprendre !

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